L’histoire de Tony
Lorsqu’on demande à Antonio (Tony) Tucci qui l’a accompagné dans son cheminement à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, il ne manque pas de réciter une longue liste de membres du personnel médical, infirmier, technique et autre qui l’ont profondément marqué ces vingt dernières années.
Tony avait 16 ans quand sa famille a quitté l’Italie pour s’établir au Canada. Fervent amateur de ballon rond, il ne rate jamais une occasion d’attraper les matchs de son équipe favorite, le Juventus F.C. Il a d’ailleurs lui-même joué au soccer pendant des dizaines d’années dans les ligues d’Ottawa.
Avant de prendre sa retraite de l’industrie de la mode, il était gérant de la boutique Giorgio Armani chez Harry Rosen. Jamais il ne se serait douté qu’un de ses clients de l’époque – un cardiologue de l’Institut – deviendrait un jour son médecin.
Tony n’avait que 48 ans quand il a subi sa première crise cardiaque, crise qui l’a plongé en état de choc cardiogénique. Son cœur était si endommagé qu’il ne pouvait acheminer suffisamment de sang à ses organes. Le pontage aortocoronarien pratiqué par ses chirurgiens à l’Institut de cardiologie n’ayant pas eu l’effet escompté, Tony n’avait plus qu’un seul espoir : recevoir un nouveau cœur. C’était en mars 1999. Jusqu’à ce que la transplantation puisse avoir lieu, Tony devait dépendre d’un dispositif d’assistance ventriculaire gauche (DAVG) stationnaire pour pomper son sang. Des tubes implantés dans sa poitrine reliaient son cœur à une pompe externe. Cette ligne le rattachant à l’imposant dispositif – et à la vie – l’a d’abord confiné à l’Unité de soins intensifs en cardiologie. Il a ensuite été transféré au troisième étage, où un modèle plus compact de l’appareil lui a redonné une certaine mobilité. Après plusieurs années de recherche et d’essais cliniques, ces dispositifs sont aujourd’hui directement implantés dans la poitrine; le bloc d’alimentation et la console de contrôle se portent dans un sac à la taille, ce qui permet au patient de s’aventurer à l’extérieur de l’hôpital. Tony était branché au DAVG depuis dix semaines quand il a reçu la plus importante nouvelle de sa vie : un nouveau cœur l’attendait. Il en aurait ensuite pour près d’un an de rétablissement et de réadaptation. Lorsqu’il a enfin obtenu son congé, en juin 2000, le monde avait basculé dans un nouveau millénaire.
Quelques jours seulement après son retour à la maison, de vives douleurs abdominales l’ont ramené de toute urgence à l’Institut de cardiologie, où ses médecins lui ont diagnostiqué une colite et une grave infection virale. Plongé dans le coma pendant trois semaines, Tony a dû subir une colectomie. Il demeurerait encore cinq mois à l’hôpital. Pendant cette seconde longue convalescence, il était souvent très souffrant et se sentait perdre espoir. Il salue aujourd’hui le travail sans relâche des équipes médicales de l’Institut de cardiologie et de L’Hôpital d’Ottawa, qui n’ont jamais baissé les bras.
Ces deux années difficiles remontent maintenant à plus de 22 ans. Depuis, Tony mord dans la vie à belles dents. Son épouse Roseline et lui ont pratiquement traversé le Canada, visité plusieurs destinations américaines et nagé avec des dauphins aux îles Caïman. Le moment fort de ses voyages aura été ses retrouvailles avec un ami d’enfance dans sa ville natale, 51 ans après son départ de l’Italie.
Il remercie la phénoménale équipe de l’Institut de lui avoir offert du temps en cadeau. Depuis sa transplantation cardiaque, il fait l’objet d’un suivi régulier. Deux endoprothèses lui ont été posées après une seconde crise cardiaque, il y a six ans, et il est actuellement traité pour un léger rejet. Atteint d’insuffisance rénale depuis 2020, il est aussi en dialyse trois fois par semaine.
Tony tire une joie immense de sa famille : il a trois enfants et deux beaux-enfants. Il est aussi nono (grand-père) de quatre petits-enfants, auxquels un cinquième s’ajoutera bientôt. Sa réputation de chef cuisinier n’est plus à faire, et il adore pêcher avec son fils et son gendre.
Il s’est aussi profondément lié d’amitié avec une autre personne – quelqu’un qui connaît aussi bien que lui les hauts et les bas que vivent les patients cardiaques au fil des ans. Tony a fait la connaissance de Walter en 1999. Tous deux ont été admis le même jour à l’Institut, tous deux attendaient une transplantation cardiaque, et tous deux ont survécu grâce au même type de dispositif. Walter a reçu son nouveau cœur une semaine après Tony. Ils ont partagé des chambres adjacentes pendant leurs longs mois de convalescence, au troisième étage de l’Institut.
Tony et Walter ont obtenu leur congé le même jour, en juin 2000. Leurs expériences communes ont fait d’eux des frères. Ils ont quitté l’hôpital main dans la main et demeurent en contact à ce jour, sachant mieux que quiconque la valeur du temps qu’ils ont tous deux reçu en cadeau.
En février, nous vous invitons à appuyer la recherche et les programmes destinés aux patients de l’Institut de cardiologie en vous rendant à l’adresse www.fevrierlemoisducoeur.ca.