Elva and Bill Holland: Un couple d’Ottawa honoré pour son dévouement auprès des patients et des familles de l’Institut de cardiologie
Bill et Elva Holland sont assis devant moi, dans leur maison remplie de souvenirs de la carrière de Bill dans la marine. Je n’en suis pas à ma première visite. Bill et Elva sont des amis de longue date de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), depuis la première opération cardiaque de Bill en 2000. Depuis plus de 20 ans, ils appuient les patients et le « travail important » de l’ICUO. Je me suis entretenue à maintes reprises avec eux. Je connais leurs histoires. Cette fois-ci, c’est différent, car ils me racontent comment leur histoire d’amour et d’amitié a commencé. Ils parlent en même temps en racontant leurs souvenirs, sans vraiment se couper la parole, mais en finissant mutuellement leurs phrases, en ajoutant un détail, comme dans une danse.
En juillet 1976, Bill travaillait sur le NCSM Skeena, chargé d’assurer la sécurité aux Jeux olympiques d’été de Montréal. « La marine avait cinq navires affectés au port de Montréal. Tous les jours, les plongeurs inspectaient la coque des navires pour débusquer des bombes, et une centaine de marins patrouillaient le site. J’étais ingénieur, un officier de la bordée de quart bleu, dit Bill. J’utilisais mes permissions à terre pour travailler au bar du mess sur le navire et me faire de l’argent pour jouer au golf. » Bill est un passionné du golf.
À l’époque, Elva travaillait pour Bell Canada à Montréal. « Une de mes amies m’a proposé d’aller voir les navires. Après un moment d’hésitation, je me suis dit pourquoi pas, et je lui ai dit que j’irais la chercher. Le soir où nous sommes allées sur le Skeena, Bill travaillait au bar. »
« Dès que j’ai posé les yeux sur Elva, je me suis dit : c’est la femme de ma vie. Elle était sur son 31, assise dans un coin du mess, illuminée par l’éclairage… Elle était vraiment jolie, elle m’est tombée dans l’œil », dit Bill en souriant.
« Il est venu me demander si je voulais quelque chose à boire, et m’a dit que le bar ne servait que des doubles portions. Je lui ai répondu que je voulais bien essayer », raconte Elva sous le regard amusé de Bill. C’est là que Bill a senti son cœur s’emballer pour la première fois.
Une semaine plus tard, Bill invitait Elva à un rendez-vous. « Au début, je n’étais pas intéressée », dit Elva, qui, heureusement pour Bill, a toutefois changé d’idée. « Je l’ai amenée au golf, puis au restaurant, ajoute Bill. Elle était douée! » Bill a rappelé Elva le lendemain, et c’est ainsi que leur histoire d’amour a commencé. Ils se sont mariés deux mois plus tard, et Bill a été affecté à Ottawa.
Il faudrait attendre 24 ans avant qu’une autre personne touche le cœur de Bill.
Au printemps 2000, le couple s’habituait à la retraite. Je laisse Bill vous raconter la suite : « Je travaillais sur le toit et, lorsque je suis descendu de mon échelle, Elva m’a demandé ce que je m’étais fait aux pieds. J’ai baissé les yeux et j’ai vu que mes pieds étaient enflés et deux fois plus gros que d’habitude. Ça ne m’inquiétait pas, je pensais que je m’étais fait ça à force d’utiliser l’échelle. Elva n’était pas d’accord. Heureusement, elle m’a tout de suite envoyé voir mon médecin, qui m’a envoyé directement à l’Institut de cardiologie. » Là, Bill a appris qu’il souffrait d’une sténose mitrale et de fibrillation auriculaire. Les valvules de Bill étaient endommagées, possiblement des séquelles de la scarlatine quand il était enfant.
« Si vous m’aviez demandé ce que je savais de l’Institut de cardiologie avant ce jour-là, je n’aurais rien pu vous répondre. Mais après vingt ans et deux opérations critiques… » Bill détourne le regard. Elva attrape sa pensée au vol, hoche la tête : « Une chance que nous habitons à Ottawa et que l’Institut est là. »
En 2001, le fondateur de l’ICUO, le Dr Wilbert Keon, avait recruté le Dr Thierry Mesana (aujourd’hui président-directeur général de l’ICUO), un des plus grands spécialistes des valvules cardiaques du monde. Jusque-là, le traitement de Bill s’était résumé à des médicaments, mais sa valvule avait maintenant besoin d’être remplacée. Même si la maladie ne touchait que Bill, la femme de sa vie et meilleure amie en subissait aussi les conséquences. C’était une affaire de famille.
« C’est la première fois que le Dr Mesana et l’Institut de cardiologie m’ont sauvé la vie », dit Bill. Elva, elle, parle du soutien qu’elle a reçu. « Après l’opération, le Dr Mesana est venu me voir pour me dire que Bill se portait bien. Ça m’a tellement soulagée. J’étais si inquiète », dit Elva. Elle marque une pause. « J’ai besoin qu’il soit en forme, vous savez, j’ai toute une liste de tâches pour lui », dit-elle en riant. Après l’opération, tout le monde était heureux des résultats, mais aussi conscient que la réparation de la valvule était une solution temporaire. Bill aurait à subir une deuxième intervention plus tard. « Ils nous ont dit que la réparation ne durerait qu’un certain temps. Ils m’ont suivi de près et, comme de fait, après sept belles années, il était temps de remplacer la valvule. Une fois encore, l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa m’a sauvé la vie. »
Au fil du temps, des suivis médicaux, du programme de réadaptation et de leur travail de bénévoles au Ottawa Heart Support Group, Bill et Elva ont forgé un lien personnel avec l’ICUO. « Nous étions toujours à l’Institut de cardiologie, à nous informer des nouvelles interventions auxquelles travaillent les chercheurs et les médecins, à regarder tout le monde – le personnel infirmier, le personnel administratif, TOUT LE MONDE — prendre soin des patients et des familles. Ils prennent toujours soin de nous. » En 2013, Bill et Elva ont pris la décision de prendre soin de l’ICUO à leur tour par le moyen le plus personnel et bienveillant qui soit : en intégrant un don à l’ICUO à leur testament.
Lorsque je leur demande pourquoi ils ont décidé de faire un don testamentaire, Bill répond : « Nos parents ont vécu la Dépression. Ils n’avaient pas le choix d’économiser, de faire des réserves pour l’avenir. Ils nous ont enseigné à penser à l’avenir. Il est important que l’Institut de cardiologie continue à sauver des vies, la vie de nos amis, de nos filles, de nos fils… de nos amours. »
Aujourd’hui, Elva fait encore battre le cœur de Bill, mais il peut compter sur son stimulateur cardiaque pour l’aider à garder le rythme.
“Bill Holland, bienveillant donateur, bénévole dévoué et ami loyal de l’Institut de cardiologie, est décédé paisiblement le 2 novembre 2021, avec sa femme à ses côtés. »