John Herzog: D’un cœur trop gros à un très grand cœur

John HerzogJohn Herzog a fait face à beaucoup d’adversité au cours de sa vie heureuse et prospère : naître avec une grave cardiopathie congénitale, fuir le communisme, immigrer, subir une opération à cœur ouvert à 32 ans, puis un pontage coronarien à 62 ans, et composer avec divers problèmes cardiaques.

En pleine Seconde Guerre mondiale, les bombes pleuvaient sur sa ville natale de Budapest, en Hongrie. Alors qu’il n’avait que trois ans, John a dû être hospitalisé en raison de la scarlatine. Les médecins ont alors remarqué que son cœur battait trop vite — entre 90 et 120 battements par minute, contrairement à la moyenne de 60 à 80 battements par minute. Ils ont établi que son cœur était dangereusement hypertrophié, et c’est ainsi qu’a commencé le cheminement de John avec la maladie du cœur.

John est stoïque par rapport à cette période difficile de sa vie. « J’ai fait avec, confie-t-il. Quand tu es au milieu d’une guerre, que ton père est enrôlé dans l’armée avec les “volontaires” et que 80 % de ta ville est détruite, tu te sens chanceux d’être simplement en vie. »

À huit ans, John a reçu un diagnostic de péricardite et de myocardite. On lui a prescrit un alitement absolu et il a passé l’équivalent de sa 3e année du primaire au lit, à écouter les histoires que lui contait sa mère, à se concentrer sur ses travaux scolaires et à voir le médecin deux fois par semaine.

En 1948, le gouvernement a nationalisé l’entreprise de son père, la plus grande usine de chaussures de Hongrie, sans aucune indemnisation. Pour pouvoir continuer à gérer son entreprise, son père aurait été contrait de se joindre au Parti communiste.

« Mon père a refusé, précise John. C’était un homme de principe. »

Fuir l’oppression

Il était devenu évident qu’ils devaient quitter la Hongrie. En 1949, le « Rideau de fer », deux hautes clôtures séparées par des mines, a été érigé autour des frontières hongroises. John, ses parents et son frère de trois ans devaient s’enfuir. Ils ont engagé un « bon » passeur, que John qualifie de guide, qui les a aidés à s’enfuir en échange de l’équivalent d’une année de salaire de son père.

« C’est incroyable ce qu’on peut accomplir quand on n’a pas le choix, confie John. Après avoir passé un an sans bouger, je suis sorti de mon lit et j’ai marché 20 kilomètres — à travers des champs et des ruisseaux. Les autres devaient porter mon petit frère. Le guide m’a seulement porté lorsqu’on a traversé des champs de maïs. J’étais beaucoup plus petit que les tiges et je n’arrivais pas à avancer. »

En arrivant aux clôtures barbelées, le guide a percé un trou juste assez gros pour faire passer la famille, puis a désactivé une petite rangée de mines. « On était entre la vie et la mort, se rappelle John. Nous sommes arrivés en Autriche et on nous a menés chez un fermier qui était payé pour nous abriter. Puis il nous a conduits à Vienne à l’arrière de son camion, entre des paniers de framboises.

Après quelque temps à Vienne, la famille s’est rendue à Paris pour attendre les documents requis pour immigrer vers sa nouvelle terre d’accueil, le Canada. Le père de John parlait couramment l’anglais et le français et admirait la démocratie canadienne.

Une nouvelle vie

Une fois installé à Montréal, John a dû refaire sa 1re année parce qu’il ne parlait pas anglais — mais il s’est vite rattrapé. La discrimination et l’intimidation étaient fréquentes, non seulement de la part des élèves, mais aussi des enseignants, dont un qui remettait en question son exemption du cours d’éducation physique.

Après l’école secondaire, John a suivi des cours de soir tout en travaillant à temps plein, et il a obtenu des diplômes en commerce et en arts de l’Université Concordia. Il a étudié l’analyse des systèmes, ce qui l’a mené à une longue carrière comme consultant en gestion avec PricewaterhouseCoopers, où il a occupé le poste d’associé pendant 20 ans. Dans la vingtaine, John a appris à nager et à skier et il a mené une vie très active.

En 1971, John avait 31 ans. Lui et son épouse Angie étaient mariés depuis trois ans et leur fils avait neuf mois. Un cardiologue a découvert une lésion — essentiellement un trou — dans le cœur de John. Le médecin lui a expliqué qu’il était né avec seulement trois cavités cardiaques, plutôt que quatre, et il lui a recommandé de se faire opérer d’urgence pour qu’une paroi synthétique de la taille d’un deux dollars soit insérée dans son cœur.

« La nouvelle est tombée juste avant Noël et mon opération à cœur ouvert a eu lieu le jour de la Saint-Valentin en 1972, confie John. En me réveillant après l’opération, je n’arrivais pas à croire à quel point mon cœur battait doucement, je pensais que j’étais encore lié à la machine cardio-pulmonaire. »

Pendant les 30 années suivantes, John a vécu une vie active en bonne santé.

L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa

John a eu un autre incident cardiaque à l’âge de 62 ans. Résidant désormais à Ottawa, John a signalé une douleur à la bouche lors de sa consultation annuelle à l’Institut de cardiologie. Son cardiologue, le Dr Lyall Higginson, lui a indiqué que cette douleur était un symptôme d’angine. Des examens ont peu après révélé que trois de ses artères étaient complètement bloquées. On lui a rapidement donné un rendez-vous pour un triple pontage.

« Le soutien et les soins que j’ai reçus étaient fantastiques à tous les niveaux, confie-t-il. La culture, le dévouement et le professionnalisme de l’Institut de cardiologie sont absolument extraordinaires. »

Depuis son opération, John est un fidèle bénévole de l’Institut de cardiologie. Lorsqu’un ancien collègue a proposé son nom pour siéger au conseil de l’Association des anciens patients (AAP), John a été ravi d’accepter. « Je sentais que j’avais un devoir moral de redonner, mais l’Institut de cardiologie m’a aussi permis d’assouvir mon désir d’apprendre », ajoute-t-il, en soulignant qu’il a siégé sept ans au conseil de l’AAP, dont quatre comme président. À titre de président de l’AAP, John a aussi siégé au conseil de la Fondation de l’Institut de cardiologie. Par la suite, il a également été bénévole pour la Canadian Congenital Heart Alliance.

Un legs familial

Philanthropes dans l’âme, John et son fils Mike ont créé la « Course virtuelle ». Cette initiative permet aux participants de récolter des fonds pour l’Institut de cardiologie en parcourant cinq kilomètres en marchant ou en courant à leur rythme et à l’endroit de leur choix. « La première année, se rappelle John, nous avons fait un don considérable pour lancer le programme et créé le Fonds de dotation de la famille Herzog pour l’Institut de cardiologie. »

En 2018, John et Angie ont inscrit des dispositions dans leurs testaments pour désigner une partie de leur succession au Fonds de la famille Herzog. « Pas besoin de créer un fonds pour faire un legs testamentaire à l’Institut de cardiologie. Tout le monde peut faire un legs et les résultats seront très importants. Votre legs représente un cadeau durable offert à d’autres patients cardiaques. »

Aujourd’hui, John demeure actif et il est heureux de sensibiliser le public envers la santé cardiaque et l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. Lorsqu’on lui demande pourquoi il est important de faire don de son temps et de son argent, il répond en souriant : « C’est important pour une raison totalement égoïste : ça me remplit de satisfaction et ça me fait du bien. Et d’après moi, c’est bon pour mon cœur. »